Accueil Editorial Faut-il encore croire en les politiques ?

Faut-il encore croire en les politiques ?

LE peuple tunisien ne s’est jamais réconcilié avec les hommes et les partis politiques. Le malaise du paysage fait aujourd’hui écho à une déformation sans précédent. La crise politique affecte l’économie et la situation sociale dans le pays. La plupart des acteurs entretiennent des rapports tortueux, le plus souvent orientés à des fins de propagande. La tendance aux polémiques et aux altercations de tous bords a engendré une certaine spécificité. Cela est visible dans les discours, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle la présence de certains est appréhendée. Et comme dans les affaires politiques on déteste l’incertitude, les partis restent toujours « sous-valorisés » parce qu’ils n’ont pas suffisamment de crédit, encore moins de crédibilité.     

L’indécision est plus que jamais à l’ordre du jour. On  voit mal les différentes parties prenantes associer leurs actions au moment où les valeurs explosent d’un côté comme de l’autre. Certains n’hésitent pas à préconiser une nécessaire réorganisation du système politique, lequel est devenu, selon eux, un symbole de décadence…Une véritable bataille à mener. Elle est notamment destinée à rendre les choses à leur juste valeur. Le paysage politique ne peut plus continuer à être l’otage des considérations individuelles ou personnelles. Désormais, il ne peut plus être question que de réformes impératives. Pourquoi pas aussi d’humanisme partagé ?

Dans une déclaration accordée à la Radio nationale, le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, appelle à l’organisation d’un référendum pour évaluer l’efficacité du système politique en place. Il fait état d’une crise politique accentuée par l’existence d’axes régionaux auxquels la Tunisie n’a jamais été habituée depuis l’indépendance. Taboubi va encore plus loin, notamment lorsqu’il accuse certaines parties, présentes aujourd’hui sur la scène politique, de ne pas croire en l’Etat national et ses acquis. « On se bat pour le pouvoir et chacun a des prérogatives bien définies. Le peuple tunisien a gaspillé dix ans et la deuxième République n’a pas répondu à ses attentes…  La légitimité est la souveraineté du peuple et le peuple doit évaluer sa situation et voir si le système adopté a réussi à mener sa mission ou pas ».

Politiquement, la plupart des acteurs n’ont pas réellement le potentiel nécessaire. Leur comportement et l’attitude de beaucoup d’entre eux ne sont plus un signe de crédibilité absolue. Leur implication est souvent synonyme de déception. Piteusement, pathétiquement. Les dernières années, qui au fond se ressemblent,  sont l’illustration la plus significative des excès en tous genres, des dépassements et des manquements à différents niveaux. C’est pourquoi les vrais politiciens se comptent sur les doigts d’une main, alors que la majorité écrasante est contestée. On n’en voit pas, sinon très peu, ceux qui font vraiment l’unanimité. Ils sont la cible de critiques de plus en plus virulentes.

Finalement, quelles perspectives pour un système politique dont les principaux acteurs sont plus que jamais défaillants ? Quelles solutions, quelles réformes, quelles ressources et quels moyens pour faire face aux exigences d’un paysage réincarné, transfiguré?

Même si on a coutume d’admettre que la politique intègre socialement, elle  n’a rien à faire, ni à voir, avec l’instrumentalisation et la récupération.

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